Texte de Ghost!
Qu’est-ce que vivre? Vraiment vivre. Nos actions sont le reflet de notre être, la vie s’exprime à travers nos gestes et ceux qui nous regardent nous jugent, nous évaluent selon les images imprégnés momentanément sur leurs rétines mais en permanence dans leur mémoire. Nos gestes peuvent être simples, posés. Ils peuvent être timides et discrets. Ils trahissent ce que nous sommes tout au fond de nous, ils séduisent ou repoussent. Ils intriguent ou laissent indifférents mais chacun d’entre eux affichent ce que nous sommes.
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Texte de No 287
Tu n’es plus qu’une ombre dans ma vie, un souvenir qui devient de plus en plus vague. Chaque jour, j’ai un peu plus peur de t’oublier. D’oublier ton rire, d’oublier ton regard, d’oublier ton sourire. Ce corps n’est pas le tien, c’est juste l’image floue d’un homme que je ne connais pas. Ton image d’adulte à toi, je ne la connaîtrai jamais. Tu aurais été beau, ah oui, ça j’en suis certaine. Tu l’étais déjà. Mes amies t’auraient trouvé "cute". Elles auraient voulu que je vous "matche". Peut-être l’aurais-je fait, sincèrement, je n’en sais rien. Aurions-nous été amis une fois sortis de notre adolescence? J’aime à le croire. J’aime à t’imaginer m’aider à déménager, à peinturer, à organiser l’anniversaire de maman. Tu serais venu souper, je t’aurais fait une lasagne, celle que tu aimais tant. Mes yeux s’embuent au fantasme de boire une bière avec toi, dans un bar, peut-être même aller fumer une cigarette sur le trottoir d’en face. Cette semaine, je t’aurais appelé pour t’emprunter de l’argent. Ou pour te demander de me remettre celui que je t’avais prêté il y a six mois ou un autre jour.
Tu n’es plus qu’une ombre, mais pourtant tu ne me quittes pas. Qu’on me traite de folle, mais je sens ta présence. Oh, il est vrai que sa force varie au gré des jours. Ce n’est pas grave, je sais qu’elle y est. Et ça me rassure. Un jour, j’ai cru que tu étais parti pour de bon, le vide était épais autour de moi. C’est alors que j’ai pris la décision d’y aller. D’y retourner, après neuf ans d’absence, neuf ans de paralysie émotive. Ça a fait du bien. J’ai pleuré. Je me suis nettoyée, de l’intérieur. J’ai repris des forces. Pas toutes. À partir de ce moment-là, j’ai été capable de parler de toi. Un peu. Dans un bureau fermé, à l’abri des regards. Ça va mieux. La preuve? Je t’écris ici. C’est un grand pas pour moi. Mais ça, tu le sais.
Et ce que tu sais aussi, c’est que je m’ennuie. Tellement. Tellement.
Ta soeur